CALIFE-CIGOGNE - MIHALY BABITS

Les histoires de doubles maléfiques sont des classiques de la littérature fantastique. Dostoïevsky, Stevenson et bien d'autres s'y sont essayés pour, selon les cas, nous faire réfléchir à l'humaine condition ou nous effrayer. Avec son "Calife Cigogne", Mihàly Babits est un peu entre les deux. L'histoire de son héros, jeune homme de la haute bourgeoise hongroise à qui tout réussi mais qui, dès qu'il sombre dans le sommeil, se retrouve dans la peau d'un modeste employé, laid, inculte et sans le sou, est tout à la fois angoissante et riche d'une belle analyse psychologique et sociale.


L'expérience vécue par le riche bourgeois est assurément traumatisante. Habitué à évoluer dans le meilleur monde, menant une vie d'oisif cultivé, il supporte terriblement mal ses plongées parmi la plèbe. Le monde du travail avec ses patrons brutaux et ses collègues malintentionnés lui est une souffrance quotidienne tandis que les conditions matérielles dans lesquelles il se débat minent sa santé. Mais ce qui lui est le plus odieux, c'est d'éprouver par l'intermédiaire de son double, des pensées et des sentiments qui lui étaient jusqu'alors étrangers (l'envie, la concupiscence, la violence...) et qu'il assimile à une sorte de déchéance morale.


La position de son alter ego n'est pas plus enviable. Le monde de luxe qu'il découvre nuit après nuit, lui fait douloureusement mesurer le fossé matériel et intellectuel qui l'en sépare. Il a désormais conscience qu'une autre vie est possible et qu’existe un univers de stimulation intellectuelle, d’art, de voyages, de discussions passionnantes que la pauvreté, un travail abrutissant et l’absence d’éducation lui refusent.


« Calife Cigogne » n’est donc pas seulement une excellente histoire de dédoublement de personnalité ainsi qu’une très fine peinture de la société hongroise du début du XXème siècle. C’est aussi une critique sociale acerbe qui dénonce l’indigence matérielle et intellectuelle dans laquelle le peuple est maintenu.


Editions des Syrtes - Poche - 2025

LA VILLE D'ACIER - MICHEL PAGEL

Après avoir participé à la chute de Gelnar, le faux dieu de Lankor, et initié avec l’aide de Sinndés et Romi la destruction des brouilleurs climatiques qui empêchent la pluie de tomber, Ange a décidé de reprendre ses vieilles habitudes de motard solitaire. Mais il ne restera pas bien longtemps seul. Après une rencontre mouvementée avec une jolie motarde dont il ne tarde pas à s’amouracher, il apprend que ses anciens compagnons ont été emprisonnés par Krina , la fille de Gelnar et nouvelle maîtresse de Lankor.

Pour leur venir en aide, Ange a alors une idée folle : unir les sédentaires et les pillards et prendre d’assaut la ville d’acier.


Ce deuxième opus des aventures de « l’ange du désert » est une copie presque conforme du premier. On y retrouve les mêmes péripéties et quasiment dans le même ordre :

- combat des motards contre les sédentaires et les pillards,

- franchissement du Styx, le fleuve aux exhalaisons méphitiques,

- entrée dans la ville et aventures dans ses bas-fonds,

- arrestation par les autorités et dénouement dans les jardins du donjon.


 Heureusement, le récit nous est compté sur un mode humoristique plus marqué.

Certains personnages sont en effet bien sympathiques tels Orson le pillard obèse ou encore Bugs le lapin télépathe. Mais surtout c’est le duo que forment Ange et Sybille avec son mélange d’amour/haine qui apporte sa saveur à un récit qui sans cela serait bien terne.


A noter que le livre fait état d’une suite : « L’épée maudite » qui n’a malheureusement jamais été publiée. C’est dommage car bien des questions restent en suspens : comment Krina et Orson se vengeront-ils, pourquoi les lapins aident-ils Ange, comment la ville d’acier est-elle approvisionnée ?


Fleuve Noir Anticipation - 1986

L'ANGE DU DESERT - MICHEL PAGEL

Ange est un motard, un vrai, l’un de ceux qui, réunis en meutes d’une dizaine d’individus, arpente en tous sens l’immense désert qu’est devenue la Terre. D’habitude ces meutes n’ont aucun but, si ce n’est atteindre la prochaine station-service et attaquer sur leur chemin les sédentaires qui s’obstinent à cultiver un sol ingrat ou bien affronter les bandes de pillards et leurs ridicules voitures. Mais Cobra, le chef du petit groupe auquel Ange appartient, a une idée fixe : découvrir Lankor, la ville d’acier, et jouir là-bas du paradis des guerriers. Le chemin est cependant bien long jusqu’à Lankor et la cité mythique leur réservera bien des surprises.

 Ce livre débute de façon très classique et l’on est tout de suite dans l'ambiance : univers post-apo avec bandes de motards qui parcourent le désert et s'affrontent à l'arme blanche. Bref, un côté Mad Max très marqué qui rappelle aussi "Les culbuteurs de l'enfer" de Zelazny.


La seconde moitié du roman, qui se déroule dans la ville, est un peu plus fouillée et nous apporte (trop rapidement peut-être) les réponses aux questions que l’on se posait : Gelnar est-il un Dieu, pourquoi la Terre est-elle désertique, qui entretient les stations-services… ? Mais l’ensemble n’est guère convaincant : les personnages sont un peu trop caricaturaux, l’intrigue finalement assez mince et jusqu’aux combats qui manquent de mordant (c’est dingue le nombre de fois où l’adversaire d’Ange vient s’embrocher de lui-même sur son épée !!!)


Dommage car, une suite étant prévue, Michel Pagel aurait dû prendre son temps et donner plus d’épaisseur tant aux personnages qu’au scénario.


Fleuve Noir Anticipation - 1985

LE CHAMBRION - PONSON DU TERRAIL

"Le chambrion" est un drame campagnard qui, par bien des côtés, m'a rappelé les romans champêtres de George Sand. Comme l'a fait cette dernière avec son cher Berry, Ponson du terrail s'y livre à une belle évocation de la campagne solognote et des moeurs de ses habitants. Mais ce sont surtout ses personnages qui offrent le plus de ressemblance avec ceux de la dame de Nohant. Ainsi, l'infâme père Clappier pourrait être le frère jumeau du Bricolin dans "Le meunier d'Angibault". Ils ont en commun la même âpreté au gain, le même désir d'arrondir leur patrimoine par tous les moyens, y compris les plus malhonnêtes. Quant à ce chambrion qui donne son nom au roman, il ressemble beaucoup au Grand-Louis du même roman ou à François le Champi pour sa fidélité et son dévouement envers ses amis, n'hésitant pas à faire passer leur bonheur avant le sien.

En revanche, Ponson du Terrail se distingue de sa consoeur pr un recours, certes très léger mais néanmoins notable, au fantastique ainsi que par l'introduction d'une intrigue policière. Le coeur du récit tourne en effet autour d'un double meurtre commis vingt ans plus tôt. Soupçonnant l'identité du coupable, le chambrions va mettre au point une véritable cabale pour le pousser à se démasquer. Cela donnera lieu à une étude psychologique particulièrement poussée ar par des mises en scènes qui rappellent un peu les vieux standards du roman gothique.

Bibliothèque Marabout - 1975


LA PLANETE FOLLE - P-J HERAULT

Bien des épreuves, mais aussi une belle surprise, attendent Cal à l’occasion de son nouveau réveil. Après avoir été obligé de détruire quelques fusées de technologie Loys qui menaçaient la planète Vaha, il entreprend d’aider ses lointains descendants, des nobles désargentés et menacés par d’infâmes rivaux (cinq siècles se sont écoulés depuis sa dernière visite et ces derniers évoluent à une époque « renaissance »). Dans le même temps, il lui faut trouver le moyen de détourner une planète qui, sortie de son orbite originelle, menace d’entrer en collision avec Vaha. Il pourra heureusement compter sur le soutien de l’ordinateur HI, de ses nombreux androïdes et, surtout, de son vieil ami Giuse qu’il retrouvera dans des circonstances étonnantes.

 P. J. Herault apporte un peu de nouveauté dans ce troisième épisode de l’épopée de Cal de Ter.


C’est tout d’abord un nouveau personnage qui fait son entrée dans l’histoire, et pas des moindre puisqu’il s’agit de Giuse, le meilleur ami de notre héros avec lequel nous avions fait brièvement connaissance dans le premier livre de la saga. Cal n’est donc plus le seul « Deus ex machina » de la planète Vaha. Il peut désormais compter sur l’appui de son ami et échanger ses idées et ses impressions d’égal à égal.


C’est ensuite l’intrigue qui rompt un peu avec les premières aventures puisqu’elle a ici une dimension extra planétaire. Cela permet d’éviter que s’installe la routine du héros tout puissant qui châtie les méchants grâce à ses « pouvoirs » exceptionnels.


Enfin, nous faisons pour la première fois connaissance avec quelques-uns des descendants de notre héros et assistons à quelques scènes amusantes entre Cal, Giuse et ces derniers.


Je suis en tout cas ravi que P. J. Herault ne se soit pas contenté de transposer une même histoire dans un contexte historique différent. Cela m’encourage à lire les 4 derniers volumes… quand je serais parvenu à mettre la main dessus.


Fleuve Noir Anticipation - 1977

LES BATISSEURS DU MONDE - P-J HERAULT

Après un sommeil artificiel de quelques centaines d’années, Cal est enfin réveillé par HI, le super ordinateur de technologie Loys. Désireux de savoir comment les vahussis ont évolués au cours des derniers siècles, il entreprend immédiatement de les rencontrer. Il s’aperçoit alors que ses protégés, dont l’évolution a atteint un stade médiéval, subissent le joug des hommes du Frahal, prêtres d’une religion obscurantiste qui maintient le peuple dans l’ignorance et le mène à sa perte. Grâce à ses androïdes et avec l’aide de quelques opposants, Cal entreprend de mettre un terme à cette dictature théologique. Il continuera également à guider les vahussis sur  le chemin de la connaissance et trouvera encore le temps de nouer une idylle.

Pour la première intervention de Cal dans la destinée de ses protégés, P. J. Herault a choisi un cadre médiéval et c’est donc sans surprise que nous le trouvons confronté à une noblesse arrogante et des prêtres fourbes et bornés. Malheureusement, les aventures de Cal sont elles aussi très convenues et sans grande originalité. Il faut dire que le coup du héros qui triomphe grâce à ses connaissances plus évoluées et des objets ou techniques « anachroniques » est usé jusqu’à la corde. L’auteur aurait pu innover davantage et j’espère sincèrement qu’il le fera dans ses prochaines aventures.


J’ai en revanche beaucoup apprécié de découvrir l’impact que les anciens actes de Cal commencent d’avoir sur la civilisation vahussie. Ainsi, le char à voile dont il avait donné l’idée à ses amis dans le précédent volume (soit quelques siècles plus tôt) constitue désormais le principal moyen de transport et l’on devine que la société secrète des « bâtisseurs du monde » aura un rôle à jouer dans le futur.  


C’est d’ailleurs cet aspect que j’aimerais voir développer davantage car il me semble intéressant de confronter Cal aux effets, bons ou mauvais, de ses actions passées. Bien sûr je ne souhaite pas que cela débouche sur d’ennuyeuses considérations philosophiques sur le fait de savoir s’il est moral ou non d’intervenir dans l’existence des vahussis, mais quelques allusions ici ou là apporterait un petit plus.


En tout cas, et malgré ces légers regrets, je commence de suite le troisième volume.


Fleuve Noir Anticipation - 1976

LE RESCAPE DE LA TERRE - P-J HERAULT

La guerre entre Mars et la Terre vient tout juste de commencer et les premiers missiles ne tarderont pas à percuter les planètes. En urgence, Giuse place son ami Cal, anesthésié suite à une opération, dans une capsule spatiale et l’expédie à des années lumières du système solaire. A son réveil, la capsule orbite autour d’une planète qui paraît habitable. Après avoir pris connaissance d’un message laissé par son ami et l’informant de la situation, Cal décide de s’y installer. Il y fait la connaissance des vahussis, un peuple pastoral aux mœurs pacifiques et se fait bientôt adopter par l'une de ses tribus avec laquelle il décide de partager ses connaissances. Le jour où il découvre une base secrète construite par une race extra-terrestre, les Loys, et dotée d’une technologie remarquablement avancée, il décide d’utiliser ces moyens pour veiller à l’épanouissement des Vahussis. Il espère ainsi leur éviter de reproduire les erreurs qui ont conduit les terriens à leur perte.

 Ce volume est le premier des 7 livres nous contant les aventures de Cal de Ter. Il peut d’ailleurs être regardé comme une sorte d’introduction à ce cycle dont il plante le décor. De longs passages sont ainsi consacrés à la description de la planète Vaha, ses continents, sa faune, sa flore et ses habitants. Le personnage de Cal est aussi abondamment décrit, au physique comme au mental, ce qui nous permet de mieux comprendre son attitude face aux évènements. La tristesse d’avoir quitté son monde et ses proches, ses difficultés d’adaptation à un peuple et à une « époque » qui ne sont pas les siens constituent en effet autant de motifs qui le conduiront à prendre la décision d’exister sur un autre plan que les vahussis. Et c’est précisément ce postulat qui sert de base à la suite de ses aventures.


Pour ce qui est du style et de l’intrigue, il faut avouer qu’ils sont fort simples, mais c’est ce qui fait le charme de ce roman et le rend accessible à de jeunes lecteurs. On pourrait aussi reprocher à P. J. Herault d’aplanir bien vite toutes les difficultés que rencontre son héros quitte pour cela à le doter de qualités sans nombre et à mettre à sa disposition des moyens hors normes. Mais là encore, tout est parfaitement assumé. Cal dispose d’un pouvoir quasi divin. Et bien soit, il se comportera désormais comme un dieu et ne viendra visiter ses ouailles que pour les remettre dans le droit chemin.


Au final, cela nous donne un bouquin qui se dévore et qui laisse envisager beaucoup de bonnes choses pour la suite.


Fleuve Noir Anticipation - 1975

LES FUYARDS DU CREPUSCULE - J. B. JOHNSON

"Les fuyards du crépuscule" est un roman à tiroir. Lorsqu'on ouvre le premier, on pense avoir affaire à un bon vieux post-apo des familles. Univers désertique, zones irradiées, petites communautés de survivants, fondamentalistes religieux et, bien sûr, héros individualiste contraint de se transformer en chef de guerre pour mettre fin aux agissements d’une redoutable secte : toutes les figures imposées du genre ont été conviées. Rien de neuf sous le soleil donc, mais Johnson s’en sert plutôt intelligemment tout en y ajoutant, l’air de rien, quelques éléments qui auront leur importance par la suite. Il en va ainsi de l’ascendant que Daystar possède sur les redoutables vers des sables ou des vagues allusions à de mystérieux gardiens qui surveilleraient la planète depuis l’espace.

Et alors que l’on croit s’orienter vers une classique confrontation entre d’affreux sectaires et des hommes et des femmes qui souhaitent rester libre de reconstruire le monde à leur façon, le second tiroir s’entrouvre pour faire basculer le récit dans une histoire de mutants. Figurez-vous en effet que le héros et sa compagne sont autistes et qu’ils ont développés des capacités psychiques un peu particulières. Sachez en outre que les vilains religieux cités plus hauts exterminent justement tous les enfants autistes qui leur tombent entre les mains et emmènent en captivité ceux qui sont néanmoins parvenus à l’âge adulte. Daystar et Shadow prennent leur défense grâce à leurs pouvoirs (télépathie, manipulation mentales…), entreprennent de les libérer et… le troisième tiroir est brusquement tiré pour livrer passage à de vilains extra-terrestres.

S’ensuivent quantité de scènes d’actions et moult révélations pour un final qui donnera la réponse à toutes les interrogations mais sans vraiment surprendre le lecteur. Au final, « Les fuyards du crépuscule » est un roman solide mais sans génie auquel on reconnaîtra néanmoins le mérite d’avoir mis en avant les autistes à une époque - les années 80 - où cela n’était pas encore d’actualité.

Opta - Galaxie-Bis - 1983

ECHOS - RICHARD MATHESON

Pour Tom Wallace et son épouse, tout pourrait aller pour le mieux. Ils viennent d'emménager dans un joli pavillon de banlieue, Tom à un bon emploi, les voisins sont charmants et Madame attend un heureux événement. Mais le soucis – car forcément il y en a un – c'est que depuis une ridicule séance d’hypnose, Tom est visité chaque soir par le fantôme d’une jeune femme assassinée quelques années plus tôt. Et comme si cela n'était pas suffisant, il se découvre aussi des dons de médium ainsi que la faculté de lire dans les pensées. Sentant confusément que sa vie ne reprendra son cours normal que s’il découvre l’assassin de la revenante, il se décide à mener l'enquête. 

Ce livre aurait pu n'être qu’une énième histoire d’enquête policière résolue par un individu doté de pouvoirs paranormaux. Un peu comme dans ces séries américaines à rallonge, les « Dead zone » ou « Médium », qui enchaînent les saisons comme on enfile les perles. 

Mais, fort heureusement, l'auteur n'est pas tombé dans le piège du héros tout puissant qui fait systématiquement échec aux hordes de psychopathes qui menacent les jolies femmes et les petits n'enfants. Il a au contraire choisi de présenter les dons de son héros comme un fardeau difficile à porter. Ainsi, les apparitions du fantôme lui font craindre la tombée de la nuit et l’empêchent de trouver le sommeil, l’irruption dans sa tête des pensées de ses voisins plombent leurs relations et ses prémonitions finissent par miner son couple (surtout depuis qu’il a prédit la mort prochaine de sa belle-mère). 

C’est donc un homme physiquement et psychiquement amoindri qui se retrouve contraint d’utiliser des capacités qu’il ne comprend ni ne maîtrise afin de résoudre une énigme qui ne le concerne même pas.

Thriller original et palpitant, « Échos » parvient à conserver son suspense intact jusqu'à la fin.

Rivages - Noir - 2000

LE VOYAGEUR IMPRUDENT - RENE BARJAVEL

Par une nuit glaciale de l’hiver 1940, Pierre Saint-Menoux, jeune professeur de mathématiques, fait la rencontre de Noël Essaillon. Ce dernier, reconnaissant en Pierre l’homme dont les théories novatrices lui ont permis de mener à bien ses propres recherches, lui fait part de sa récente découverte : la noëlite. Ingérée, cette matière a l’étonnante propriété de permettre les voyages dans le temps. Unissant leurs efforts les deux hommes améliorent cette invention et entreprennent de visiter passé et avenir à la recherche du secret du bonheur pour l’humanité. Mais peut-on sans risque influencer le cours de l’histoire ?

Ce livre constitue, à l’instar de La machine à explorer le temps de H. G. Wells, un classique des romans de voyage dans le temps. Tous les aspects inhérents à ce thème de la littérature de science-fiction y sont en effet envisagés : voyage dans le passé et le futur, rencontre du héros avec lui-même, modification de l’histoire…et même quelques réflexions sur le présent, cet instant si éphémère qui n’est plus tout à fait du futur et pas encore du passé.

La structure du roman est en revanche assez classique et comporte trois parties bien distinctes :

- La découverte de l’invention permettant le voyage temporel avec son lot de descriptions techniques et les premiers essais, encore timides ;

- Les voyages dans le futur qui sont l’occasion pour l’auteur d’imaginer l’avenir de notre société et de l’espèce humaine. Ici, les pérégrinations des personnages les mènent tout d’abord dans le Paris de l’an 2052, c’est à dire à l’endroit et l’instant qui voient débuter son premier roman : Ravage. Puis, après ce petit clin d’œil, il nous propulse en l’an 100000 sur une Terre peuplée d’êtres qui, bien qu’étant nos lointains descendants, n’ont plus grand chose d’humains, pas même l’apparence.

- Les incursions dans le passé, la tentation d’influer sur le déroulement des évènements afin de modifier un présent désagréable et l’inévitable paradoxe temporel qui peut en découler.

 

Enfin, et comme souvent chez Barjavel, l’histoire s'agrémente d’une jolie romance et son écriture associe superbement humour et poésie. En voici quelques exemples :

- « …vous êtes resté coincé entre le présent et le futur ! En somme, vous étiez au conditionnel ! »

- « …la loi de l’espèce les mène par le bout du sexe. »

 

Pour être tout à fait honnête j’ajouterais que Monsieur Barjavel se laisse parfois aller à quelques réflexions misogynes. La preuve :

- « …une futilité qui abaissait les hommes au niveau des femmes. »

- « …la tête était bien la partie de leurs corps dont les femmes avaient le moins besoin pour vivre ! »


Gallimard - Folio - 2001

CALIFE-CIGOGNE - MIHALY BABITS

Les histoires de doubles maléfiques sont des classiques de la littérature fantastique. Dostoïevsky, Stevenson et bien d'autres s'y s...