Après avoir été victime d'une agression ultra-violente, la vie de Martin Sorrel est bouleversée. Désormais possédé par l'esprit de Hans Klemperer, un jeune allemand tué en 1934, il doit lutter pour conserver sa propre personnalité tandis que les morts se succèdent parmi ses proches.
Voilà un roman qui dénote un peu dans la production habituelle de la collection gore. ici le sexe et la violence sont utilisés avec mesure et c'est à peine si on frémit à l'occasion des quelques meurtres qui parsèment le récit. L'auteur ne semble pas à l'aise avec le sordide et ses descriptions des scènes les plus dures sont soir expédiées (l'attaque de la soeur de Martin par des ours) soit métaphoriques (le couple de montagnards). Il est en revanche tout à fait à son affaire lorsqu'il s'agit d'orchestrer l'irruption du surnaturel dans l'existence de son héros et la déchéance psychique qui l'accompagne.
L'essentiel du roman nous parles donc de la manière dont Martin Sorel se voit contraint de lutter contre un double maléfique qui cherche à s'approprier son corps. Le sujet n'est pas neuf mais Lewis Mallory le traite correctement. Il décrit notamment très bien l'évolution psychologique de son personnage, entre déni et acceptation, combativité et résignation, tout en s'attardant sur les quiproquos que la coexistence d deux individualités similaires ne manque pas de provoquer parmi son entourage.
Je me pose néanmoins une question. Pourquoi avoir choisi comme dopplegänger, un membre des SA dans l'Allemagne des années trente ? Cela n'apporte strictement rien à l'intrigue même si les flashbacks qui nous montrent l'adhésion et l'ascension de Hans Klemperer parmi les SA sont plutôt bien tournés. En revanche, avec ce personnage de nazi homosexuel et sadique, à la fois victime et bourreau, Mallory tenait une très bonne idée. Il aurait pu s'en servir pour nous concocter un fort bon roman gore sur les méfaits des SA lors de la montée du nazisme au début des années trente ainsi que sur leur éradication par les SS.
Fleuve Noir - Gore - 1988

Un gore qui n’a pas complètement du gore mais exploite un sujet complexe et deja aborde mais sous une autre forme, à découvrir peut être
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