Etranglés par les troupes de l'union, les États confédérés sont prêts à vendre à vil prix leurs stocks de coton en échange d'armes et de munitions. Le jeune et fougueux James Playfair parvient à convaincre son oncle, un riche négociant de Glasgow, de l'intérêt de commercer avec eux et obtient ainsi le commandement d'un steamer. Accompagné d'un équipage expérimenté le voici donc fermement décidé à faire fortune en déjouant la surveillance des navires nordistes. Mais deux passagers de dernière minute vont venir lui compliquer la tâche...
« Les forceurs de blocus » est une novella assez méconnue dont on se demande si elle a réellement sa place parmi les "voyages extraordinaires". On n'y rencontre pas de savant visionnaire ni de maître du monde, pas d'invention révolutionnaire, pas de contrées sauvages ou de terres inexplorées. En fait, n'était son intrigue au demeurant bien mince, cette petite centaine de pages tiendrait presque davantage du reportage que du roman puisqu'il y est surtout question de l'un des épisodes clé de la guerre de sécession : le siège de Charleston.
Jules Verne a montré plus d'une fois son intérêt pour ce conflit qui ensanglanta les États-Unis. Il y fit allusion à plusieurs reprises (L'île mystérieuse) et lui consacra même un roman au titre on ne peut plus explicite : "Nord contre Sud". Ici, il joue quasiment les journalistes en nous exposant de quelle manière les troupes de l'union firent le blocus de la ville de Charleston. Sa relation s'avère d'ailleurs très précise et riche de toutes sortes de détails (le nom des forts, l'emplacement des batteries de canons) et nous rappelle que Jules Verne était contemporain des faits.
Ceci étant dit, il faut bien admettre que ce roman est tout à fait mineur dans l'œuvre de l'auteur. Ainsi que je l'ai déjà dit, l'intrigue y est ramenée à sa plus simple expression : un allez-retour Glagow/Charleston émaillée de quelques combats et poursuites navales et d'une évasion à peine décrite. Le tout est romanesque à souhait (ah la courageuse enfant partie sauver son pauvre papa, oh le brave capitaine prêt à risquer sa vie pour les beaux yeux de sa dulcinée !) et comporte quelques traces d'humour dues aux facéties de Crockston et au sens du commerce de Vincent Playfair ! Alors, pour la petite heure de lecture qu'il vous en coûtera, laissez-vous tout de même tenter !
Glénat - Marginalia - 1978
Un petit Jules Verne méconnu pour la route, toujours intéressant la vue de contemporains de faits historiques
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