DEPRESSION - FRANCOIS SARKEL

La pluie tombe sans discontinuer sur Durocor, petit bout de terre perdu au milieu d’immenses étendues d’eau. Dans cet univers borné et sans perspectives quelques personnages tentent de trouver une raison d’espérer encore : Jarine la prostituée au grand cœur prête à tout pour un avenir meilleur, son amie Vavette atteinte de la rouille ou encore Sarg le pêcheur de rats et Zam le pustuleux tous deux amoureux de la belle hétaïre…

 Le moins que l’on puisse dire c’est que François Sarkel ne fait pas dans la publicité mensongère et il faut faire preuve d’un bel optimisme pour ne pas chopper le bourdon à la lecture de ce bouquin. Tout y est triste à mourir, laid, gris et humide, sale et boueux. Les corps y sont couverts de champignons, de mycoses et de pustules et les esprits ne sont guère plus reluisants. Seuls motifs d’espérance : l’amour et la religion. Mais là encore, tout est détourné, dévoyé, avili. Côté atmosphère donc, l’objectif est sans conteste atteint avec cet univers d’une rare noirceur.


En revanche nous sommes moins bien lotis côté intrigue puisqu’il faut se contenter d’une petite énigme guère passionnante et accepter de n’avoir pas la réponse à certaines questions posées (l’origine de la rouille par exemple). Mais ce petit défaut est finalement sans importance tant le roman fourmille d’idées hallucinantes, un peu comme dans un Brussolo de la meilleure eau. Elles sont même tellement nombreuses que l’auteur ne peut les exploiter comme elles le mériteraient en raison du nombre de pages bien trop restreint en vigueur chez Fleuve Noir. C’est frustrant car bon nombre d’entre elles eussent mérité d’être développées. Je pense notamment aux églises concurrentes des « hydrolâtres » et des « Compagnons de l’arche » et aux terribles maladies que sont la rouille ou le syndrome de la sirène…


En tout cas François Sarkel nous offre une bien belle évocation d’un monde qui s’enlise (au propre comme au figuré) mais où les hommes s’acharnent à vivre encore et à faire perdurer inégalités et passions, amour et violence.


Fleuve Noir Anticipation - 1990

1 commentaire:

  1. Ça donne bien envie , en plus si c’est dans un esprit Brussolo. Il faut juste être prêt à accueillir la noirceur

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