Avouons-le tout net, j'ai acheté ce livre en croyant avoir affaire à un bon vieux post-apo des familles comme les britanniques s'en étaient fait une spécialité dans les années soixante-dix. Si les débuts du roman semblaient me donner raison, la suite m'a rapidement fait comprendre l'étendue de mon erreur. En dépit de quelques jolies scènes d'une Angleterre à peu près vidée de ses habitants et soumise à une nouvelle période glaciaire, "Le crépuscule de Briareus" ne fait que flirter avec ce genre, comme il ne fait qu'aborder le thème des mutants ou celui de la stérilité de l'espèce humaine. Et si les passages concernant les expériences dont les mutants sont l'objet font froid dans le dos, sa vision d'une humanité confrontée à l'imminence de son extinction n'a rien de très passionnante. Sur ce sujet, le "Barbe Grise" de Brian Aldiss est bien plus complet et beaucoup plus émouvant.
Ceci étant, ce n'est pas cette dispersion entre différents thèmes qui m'a gêné mais le manque d'emprise du personnage principal dans le déroulement de l'histoire. C'est d'autant plus dommage que Calvin Johnson ne manque pas d'épaisseur. Son passé, son caractère, ses réactions face aux bouleversements que subit l'humanité, tout concoure à en faire un individu éminemment sympathique, un homme sans préventions qui s'interroge constamment et sait écouter les autres. Hélas, il ne sera que cela et passera le plus clair du roman à subir les évènements, sans jamais peser sur son existence et laissant les autres choisir à sa place.
On m'objectera peut-être que cette absence de domination le rend précisément plus humain et permet de laisser du champs aux héroïnes féminines du roman, ce qui n'était pas si fréquent à l'époque. Pas faux, mais cela contribue aussi à renforcer son côté messianique, celui de l'homme qui détient la solution par sa seule présence et qui n'a qu'à attendre l'alignement des étoiles pour voir la prophétie se réaliser. D'ailleurs le roman s'achève sur une approche quasi mystique de l'espace et des extra-terrestres qui m'a laissé un tantinet dubitatif...
Denoël - Présence du Futur - 1976

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