Le roman de Hiroko Oyamada en est un exemple. Il nous invite à suivre deux hommes et une femme qui intègrent une entreprise immense et tentaculaire, vaste conglomérat qui produit tout et n’importe quoi et dont l’emprise sur l’économie locale et nationale semble énorme. Nous découvrons par leur yeux un monde clos et auto suffisant où chacun tient son rôle sans se poser de question sur le but poursuivi. Qu’importe qu’il accomplisse une tâche qu’une machine effectuerai à moindre coût, qu’il corrige un panel de textes sans queue ni tête ou se livre à des études dont on n’attend aucune retombée financière. L’essentiel est que la machine tourne et se nourrisse des heures que chacun lui consacre.
« L’usine » est donc une sorte d’allégorie sur le rapport des japonais au monde de l’entreprise et une dénonciation de l’aliénation par le travail. Son atmosphère, ses digressions animalières, la répétition des scènes et autres procédés stylistiques lui confèrent également une petite touche fantastique qui renforce l’impression d’inanité que nous laisse toute cette activité déployée sans rime ni raison. De ce point de vue, Hiroko Oyamada nous parle aussi de perte de sens dans une société qui ne tient plus compte des aspirations de ses membres et se montre incapable de faire évoluer ses schémas économiques et politiques.
Christian Bourgeois - Satellites - 2024
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