La lecture de ce roman m'a laissée une impression mitigée. Il comporte d'excellentes idées au premier rang desquelles cette maladie qui n'épargne que les anciens et oblige les jeunes à rechercher leur présence, quitte à accepter toutes les compromissions. Un thème intéressant qui, une fois n'est pas coutume, fait la part belle aux personnes âgées. D'aucuns y verront même un gigantesque pied de nez au culte de la jeunesse et, à tout le moins, un clin d’œil ironique sur la place et le rôle de nos aînés. Mais Paul Béra n'en fait pas pour autant des saints car, pour être vieux, ils n'en sont pas moins des hommes avec leurs qualités et, bien sûr, leurs défauts. On en croisera donc de toutes sortes. Des profiteurs et des revanchards mais aussi des victimes "parasitées" par des groupes de jeunes qui se relayent auprès d'elles comme des puces sur un chien.
On trouve aussi dans ce livre, par touches, une jolie démonstration sur la façon dont une religion peut voir le jour. Comment, le temps aidant, un chercheur acquiert le statut de divinité. Comment ses discours ou les écrits qu'il a pu laisser sont "récupérés", dénaturés puis transformés en "parole d'évangile". Comment des rites sont initiés et un culte créé.
Bref, de bien bonnes choses, mais traitées un peu par-dessus la jambe, comme si l'auteur était pressé d'en finir et se contentait de jeter ses idées sur le papier sans chercher à en tirer le meilleur. C'est dommage car, au final, nous n'avons qu'un petit livre sympathique et original au lieu de l'excellent roman post-apocalyptique auquel Paul Béra aurait pu aboutir. Mais ça n'est déjà pas si mal !
Fleuve Noir Anticipation - 1974
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