Ce livre aurait pu n’être qu’une énième digression sur le mythe Arthurien si Carl Sherrell n’était parvenu à se démarquer de la production pléthorique que Merlin et compagnie ont inspirée aux auteurs de fantasy, grâce à la personnalité pour le moins surprenante de son héros. Car pour une fois, nous avons un personnage central vraiment méchant, dénué de morale et qui ne s’encombre pas de sentiments aussi inutiles que l’amour ou la compassion. Il tue, pille, viole sans le moindre remord et passe au fil de son épée quiconque voudrait le détourner de son sanglant chemin.
Malheureusement l’auteur n’a pas maintenu ce cap jusqu’au bout. Raum finit par s’humaniser et par éprouver ces sentiments qui lui étaient jusqu’ici inconnus. Il en devient presque gentil et c’est sur un chevalier repenti cherchant à réparer ses erreurs que s’achève le roman. Mais avant cela on aura quand même pris grand plaisir à le voir foutre le bordel à la cour du roi Arthur, se moquer de Perceval, ridiculiser Gauvain, mettre une branlée à Kay ou apprendre l’obéissance à la vénéneuse Morgane. De chouettes moments de lecture, un peu irrévérencieux à l’égard de tous ces nobles héros, mais sacrément jouissifs. Raum est un personnage entier, plus individualiste que mauvais, attachant en diable et je regrette pour ma part qu’il finisse par s’amender : le roman y perd une bonne part de son sel.
Signalons toutefois que la fin laisse entrevoir une suite au cours de laquelle notre diabolique héros pourrait aller jusqu’au Vinland (l’Amérique des vikings) pour délivrer sa dulcinée. Il est donc permis d’espérer un sursaut de méchanceté !
Garancière - Aventures Fantastiques - 1986
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