LE NEUVIEME CERCLE - J-C CHAUMETTE

« Le neuvième cercle » est un mélange assez réussi de space opéra et de Fantasy. Le space opéra, c’est évident. Voyages subluminiques, villes tentaculaires, lasers destructeurs et engins titanesques, l’histoire se situe bel et bien dans un lointain futur où l’homme a essaimé à travers l’espace et colonisé quantité de planètes où se sont développées de nouvelles races et de nouvelles cultures. Chaumette nous fait ainsi découvrir quelques mondes bien étranges dont Sirdan, la planète prison où les habitants sont contraints de s’entre-tuer pour éviter une régulation forcée et particulièrement sanglante ou le monde désertique des Harriks dont le mode vie n’est pas sans rappeler celui des Fremens de Dune. Et puis il y a la planète des Kreels, lointains descendants d’africains ayant quitté la Terre pour un avenir meilleur. 

Une grande partie du récit se déroule sur ce monde paisible où les Kreels ont développé une culture mélangeant le mode de vie des Na’Vis d’Avatar et la philosophie des chevaliers Jedi. C’est là que notre héros, sympathique paumé, déglingué par des années de vie pourave et de mercenariat, va entreprendre de se reconstruire. La découverte de ce personnage travaillé en profondeur, l’évocation de son passé et les différentes phases de son évolution psychologique constituent pour une grosse part la trame de l’histoire, tout comme son long apprentissage de la philosophie kreel et des arts martiaux qui en sont l’une des expressions majeures.


Et c’est là que l’aspect « fantasy » du roman se fait le plus évident puisque, outre cette quête initiatique doublée d’une chasse aux artefacts, l’essentiel des combats (et il y en a beaucoup) se font à l’arme blanche. Un anachronisme justifié par le fait que les armures de combat sont si résistantes que seules les épées ou les pointes fabriquées à partir de certains cristaux parviennent à les percer. L’explication vaut ce qu’elle vaut mais elle permet à l’auteur de nous proposer de forts beaux duels et autres mêlées titanesques.


Et c’est vrai que question castagne, il y a de la matière avec tous ces personnages qui se cherchent, se défient et s’affrontent dans un jeu d’échec interplanétaire qui les dépasse tout de même un petit peu. Qui dépasse aussi le lecteur qui a beaucoup de peine à s’y retrouver dans les deux premiers volumes (sur les six qui composent le cycle) où Chaumette plante de nombreux jalons et initie quantité de pistes. Mais tout est sous contrôle. Chaque personnage, chaque digression a son utilité et tout finira par se recouper.


Au final, cela nous donne une chouette fresque héroïco-interplanétaire à laquelle l’auteur a, depuis, donné déjà deux suites !


Fleuve Noir Anticipation - 1990/1991

TRANCHECAILLE - PATRICK PECHEROT

Juin 1917, alors que l'offensive sur le Chemin des Dames vire à la boucherie, que le moral des troupes est au plus bas et que l'état-major craint une mutinerie, le soldat Jonas est accusé d'avoir assassiné son supérieur. Chargé de sa défense, le capitaine Duparc va tenter l'impossible pour lui assurer un procès équitable face à un haut commandement qui souhaite faire un exemple. 

"Tranchecaille" est un roman intéressant tant sur le fond que par la forme puisque Patrick Pécherot y donne la parole aux différents protagonistes de son histoire par le biais de dépositions, de témoignages ou de lettres. Nous voyons ainsi défiler devant l'enquêteur, les camarades de tranchées de l'accusé, simples soldats ou sous-officiers, médecin ou aumônier mais aussi une prostituée, une marraine de guerre, un garçon de café resté à l'arrière... le tout nous donnant une très jolie galerie de portraits. Il y a les sympathiques tels le commandant de Guermantes, officier supérieur désabusé sombrant dans l'alcoolisme mais conservant une part d'humanité, le major Campion, médecin chef qui cache son dégoût de la guerre derrière un humour féroce et un athéisme non moins forcené ou encore Duparc lui-même qui jette sur tout çà un regard acerbe et ironique. Et il y a les autres, malheureusement tout aussi nombreux : l'officier supérieur pour qui les soldats ne sont que des pions ou le curé qui parle de sacrifice nécessaire...


Grâce à ces tranches de vies nous découvrons le quotidien des poilus : les combats bien sûr mais aussi la "roulante" et son rata immonde, le courrier censuré, les perms qui laissent un goût amer, les hôpitaux et les gueules cassées, la fraternisation avec l'ennemi, les mutineries, les marraines de guerre, l'obusite (ou shell-shock)... La situation à l'arrière n'est pas forcément plus joyeuse et Patrick Pécherot prend le temps de nous en toucher deux mots. L'occasion de constater que la vie y est dure et que le rationnement et les mensonges de la presse rendent l'attente des familles encore plus pénible.


Si l'atmosphère du roman est prenante et le contexte historique bien restitué, l'intrigue policière m'a en revanche moins emballé. Le duo d'enquêteurs (Duparc et son caporal) est certes bien sympa mais leurs caractères ne sont pas assez développés pour que l'on vibre avec eux au fur et à mesure de leurs découvertes. On se contente donc d'observer tout cela de très loin et la résolution de l'enquête n'est pas attendue avec beaucoup d'impatience. Néanmoins, le doute sur la culpabilité de l'accusé laisse planer ce qu'il faut de suspens sur une affaire qui aura des prolongements inattendus. On notera aussi en manière d'anecdote, les allusions aux écrivains de la grande guerre, Maurice Genevoix, Henri Barbusse, Jean Meckert et Roland Dorgelès.


Malgré sa présence en "Série Noire", ce livre est donc davantage un roman sur la grande guerre qu'un véritable polar, mais il mérite sans conteste le détour.


Gallimard - Folio Policier - 2010

LE TRAVAIL DU FURET A L'INTERIEUR DU POULAILLIER - JEAN-PIERRE ANDREVON

Paris, deuxième moitié du XXIème siècle. La recherche scientifique a fait d'immenses progrès et malgré un environnement pollué à l'extrême, l'espérance de vie ne cesse de croître. Mais les ressources demeurent limitées et l'état doit juguler une démographie galopante. Aussi, un super ordinateur procède chaque jour à un tirage au sort à l'issu duquel une liste de victimes est établie puis remise à des exécuteurs assermentés. Notre héros est justement l'un de ceux-là. Un furet qui traque et abat son lot quotidien de cibles anonymes, sans se poser de questions. Jusqu'au jour où il en vient à douter de l'impartialité du système. 

Encore un bien chouette roman de Jean-Pierre Andrevon. Pourtant, le sujet et l'univers décrits ne comptent pas parmi les plus originaux et constituent presque des classiques de la SF. L'intrigue rappelle notamment celle du roman de E. C. Tubb Le vaisseau monde à cette différence près qu'ici, la "régulation démographique" est connue et acceptée de tous. Quant au monde dans lequel se déroule l'action, il paraîtra encore plus familier aux lecteurs de SF. Il est vrai que les villes du futur sont rarement décrites comme des modèles d'urbanisme ou d'écologie et le Paris d'Andrevon n'échappe pas à la règle. Ses descriptions sont dures et nous présentent quelques visions dantesques d'un monde triste et sans espoir : démarcation stricte entre quartiers riches et pauvres, ville écrasée par l'industrie, les transports, la publicité, extrême concentration de la population; déshumanisation des services... 

Le réalisme dont il fait preuve pour dépeindre les scènes de meurtres ajoute encore à la noirceur du décor. Rien ne nous est épargné ; les crânes explosent en expédiant des bouts de cervelles un peu partout, les artères tranchées vomissent des torrents d'hémoglobine et les viscères se répandent avec leur merde et leurs sanies. Pour autant, l'humour n'est pas totalement absent. Un humour noir, décalé, parfois incongru telles les nombreuses références cinématographiques qui parsèment les monologues du furet, les noms des rues (allée Mireille Mathieu, rue Ronald Reagan…) ou encore les différentes marques de produits (les bars COKE AND SMOKE, les filtres PETITS BATEAUX).   

Quant à notre héros, et bien… il n'a précisément pas grand-chose d'un héros. Juste un fonctionnaire consciencieux qui fait son boulot. Sans passion, mais sans trop de dégoût non plus. Un professionnel du meurtre qui à aucun moment ne remet en question le système. Sa révolte ne sera d'ailleurs pas dirigée contre ceux qui truquent les règles mais contre les assassins de la femme qu'il aime et contre le mensonge de son chef. Une révolte passagère. Avant de rentrer dans le rang. 

" Le travail du furet " nous offre une vision très noire de notre futur, désabusée mais sans doute réaliste ! 

J'ai Lu - Science-Fiction - 1984

CASINO PERDU - MICHEL PAGEL

Imaginez un système solaire dans lequel gravitent quatre planètes totalement hermétiques les unes des autres. Imaginez que chacune soit habitée par une civilisation très affirmée (religieuse, militaire…), trois d’entre elles peuplées d’humains et une d’extra-terrestres. Imaginez que le seul moyen de passer de l’une à l’autre est d’emprunter des seuils de téléportation achroniques qui vous transportent sur l’un quelconque des trois autres mondes en vous rajeunissant ou en vous vieillissant. Imaginez enfin que chaque année, une compétition est organisée qui oppose un représentant de chaque planète dans une chasse à l’homme mortelle…


Avec cette idée pour le moins originale et plus de 400 pages pour s’exprimer, Michel Pagel avait largement de quoi aboutir à un bon petit planet-opera. Il s'est hélas contenté du service minimum, tant au niveau de son intrigue que du caractère de ses personnages. Ces derniers sont en effet plutôt monolithiques, presque caricaturaux, et n'évoluent guère au contact des autres civilisations qu'ils sont amenés à découvrir. Qu’il s’agisse du religieux coincé du cul, de la militaire d'élite, du sympathique benêt ou de l'ET érotomane, aucun ne donne vraiment envie de s’attacher à ses pas ou de trembler pour sa peau. Le décor ne vaut pas mieux qui se contente lui aussi de stéréotypes sans saveur (planète désertique, planète glaciale…) 


Quant à l’histoire qui promettait action et rebondissements à tous les étages ainsi qu’une bonne grosse révélation finale (qu’elle est l’utilité des seuils, qui les a mis en place…) elle s’avère fort peu palpitante et compense le plus souvent son manque de vigueur par un humour hélas très poussif.


Au final, « Casino perdu » s’avère n’être rien de plus qu'une partie de cache-cache spatio-temporelle sans beaucoup de saveur, où l'on ne frémit jamais et ne sourit guère plus.


Fleuve Noir - SF Space - 1998

LES MAITRES DES DRAGONS - JACK VANCE

Aerlith, petite planète isolée aux confins de l'univers, est l'un des derniers bastions d'une race humaine quasi anéantie par les Basiques. Ses habitants y ont régressé à un stade médiéval et s'épuisent en d'inutiles querelles intestines. La menace d'un retour des Basiques permettra-t-elle l'union des hommes face à l'envahisseur ? 

A ceux qui pensent que les romans de Jack Vance ne sont que de jolis guides touristiques des planètes et sociétés qui parsèment l'univers, ce livre apportera un sévère démenti. En effet, si le dépaysement est comme toujours au rendez-vous, c'est l'action qui domine ce récit où les batailles se succèdent à un rythme effréné. Et quelles batailles ! Des affrontements titanesques opposant des armées de dragons et d'extra-terrestres en de sanglantes mêlées et où la froide technologie le dispute à une brutalité toute médiévale.


Malgré tout, Monsieur Vance trouve le moyen de nous brosser un panorama assez complet de cette petite planète des confins. En quelques courts chapitres on y apprend son histoire locale qui se résume à une suite d'escarmouches entres des roitelets dont l'activité principale est l'élevage de dragons. On y découvre aussi sa géographie particulière constituée de chaînes montagneuses, de plateaux et de vastes canyons au fond desquels se concentre l'activité humaine. En revanche peu de personnages importants même si les portraits de Joaz Bambeck, rusé et visionnaire, et Ervis Carcolo, incorrigible abruti imbu de lui-même, sont assez plaisants.


De belles inventions aussi côté vocabulaire, qu'il s'agisse de recyclage (la ménestrelle dont on ne sait si elle est trouvère ou concubine) ou de création comme le Démie, chef de la secte des sacerdotes. Cette secte dont les membres ressemblent aux sâdhus, ces mystiques hindouistes détachés du monde et vivant quasi-nus, est d'ailleurs l'une des plus jolies trouvailles du roman. Leur stricte observance d'une neutralité vis-à-vis de la destinée des hommes sur laquelle ils refusent d'influer de quelque manière que ce soit est d'ailleurs au cœur du récit. Elle pose la question de savoir si, au nom de principes religieux ou philosophiques, on peut rester étranger au malheur d'autrui et refuser son aide aux victimes.

Pocket SF - 1986

LA GUERRE ETERNELLE - JOE HALDEMAN

La guerre contre les Taurans vient de débuter. De jeunes étudiants sont sélectionnés pour constituer une armée d'élite. Après un entrainement d'une incroyable rigueur, ils sont expédiés aux confins de l'univers pour livrer leurs premiers combats. Le soldat John Mandella et ses compagnons ignorent encore que ce n'est que le début d'une longue, très longue guerre...

"La guerre éternelle" est sans conteste un roman de SF guerrière. Guerrière mais pas militariste. La nuance peut paraître légère mais elle est importante. Joe Haldeman ne s'y livre pas à une célébration des vertus militaires. il déteste la guerre et son cortège de souffrances mais pas les soldats qui ne sont qu'un outil entre les mains des politiques. Raison pour laquelle il s'attache avant tout à nous montrer le quotidien du soldat Mandella et les différents aspects de sa vie sous les drapeaux : l'entrainement, les séjours à l'hôpital, les combats bien sûr mais aussi et surtout le décalage de plus en plus marqué entre les combattants et les populations civiles.

Joe Haldeman a connu la guerre du Vietnam. Il a lui-même éprouvé le sentiment d'être mal compris et mal considéré par une opinion publique progressivement opposée aux combats. l'impression de servir son pays et d'être finalement bien mal payé en retour. Dans son roman, le fossé qui se creuse entre civils et militaires est encore plus grand. Les voyages spatiaux et la distorsion temporelle imposent aux soldats des sauts dans le temps de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines d'années. Chacun de leur retour sur Terre s'accompagne donc de bouleversements radicaux tant dans le domaine scientifique que dans les rapports sociaux. Dans ces conditions, il est bien difficile de se réadapter à la vie civile et, le plus souvent, les soldats rempilent pour un ou deux millénaires supplémentaires ! Des périodes incommensurables longues qui rendent encore plus absurde une guerre qui se perpétue par-delà le temps et les distances. Personne ne connait plus les raisons du conflit et les combattants continuent de souffrir inutilement, sans raison ni justification.

Sans être un pamphlet pacifiste, "La guerre éternelle" démontre l'inanité de toute guerre et emporte la conviction qu'il faut toujours communiquer si l'on veut se comprendre et, peut-être, s'entendre. HAL-DE-MAN,  MAN-DEL-LA, un seul soldat, une seule personne, une même conscience.

J'ai Lu - Science-Fiction - 1985



LANDRY DES BANDOULIERS - MYRIAM & GASTON DE BEARN

Au début du XVème siècle, sur fond de querelle entre Armagnacs et Bourguignons, un descendant de Gaston Phébus tente de faire valoir ses droits à la couronne de Béarn.

Des trois volets qui composent le "cycle des princes béarnais" celui-ci est sans doute le plus romanesque. Mais un romanesque un peu daté, à telle enseigne qu'on pourrait le croire issu de la plume de Féval, Zévaco ou Dumas. On y retrouve d'ailleurs les péripéties qui ont fait les beaux jours de la littérature populaire du XIXème siècle avec un enfant abandonné puis retrouvé grâce à un bijou qui atteste de sa haute naissance, un trésor caché, un passage secret et des amours contrariées. Le héros, ce Landry qui donne son nom au roman, est au diapason. Jeune, beau et intrépide, voleur au grand cœur, il campe une sorte de nouveau Robin des bois qui aurait troqué la forêt de Sherwood pour la lande de Lannemezan.

Comparé aux deux précédents volumes, le récit gagne en surprise ce qu'il perd en véracité historique et si l'on est satisfait de découvrir un héros tout neuf dont on ne connaît pas à l'avance la destinée, on regrettera en revanche que l'histoire y soit si malmenée. Je pense notamment au rôle et à la personnalité de Rodrigue de Villandrando qui me paraissent bien loin de la réalité. On pourra bien sûr m'opposer la licence poétique de l'auteur et les libertés qu'il peut se permettre. Mais de là à transformer un routier de la pire espèce en gentilhomme de bonne tenue, il y a un monde !

Au final, "Landry des bandouliers" constitue une agréable conclusion au panégyrique romancé que les époux Béarn ont consacré à leurs ancêtres. 

J'ai Lu

LES CRENEAUX DE FEU - MYRIAM & GASTON DE BEARN

Suite de la biographie romancée de Gaston Phébus initiée avec "Le lion des Pyrénées".

 Ce volume nous propose donc de suivre la deuxième moitié de la vie du comte de Foix, de 1361 à sa mort le 1er août 1391. On y retrouve un Gaston Phébus vieillissant mais pas assagi, toujours aussi porté sur le jupon et sujet à de terribles colères. Un tempérament explosif qui le conduira parfois à commettre des actes irréparables (les décès de son frère Pierre et de son fils Gaston) mais qui lui permettra aussi de préserver son Béarn des ambitieux de tout poil, qu'ils soient de France ou d'Angleterre. 


Le récit est un peu moins centré sur Phébus, permettant ainsi à d'autres personnages de tirer leur épingle du jeu. Je pense en particulier à ses fils, le mal aimé Gaston et Yvain de Lescar, l'enfant chéri et successeur désigné. La rivalité entre les deux héritiers est d'ailleurs au cœur du roman puisqu'une bonne part de l'intrigue tourne autour de l'organisation de sa succession par le vieux lion (annulation de son mariage avec Agnès de Navarre, reconnaissance de ses bâtards...). 

On retrouve aussi avec beaucoup de plaisir quantité de personnages du premier roman dont Ernauton, le géant facétieux et vantard ou Maman Flo, la vieille et fidèle nourrice, tandis que d'autres, non moins intéressants, font leur apparition tels Jeanne de Boulogne, la "pupille" de Phébus, ou l'historien Jehan Froissart.

Le style demeure un peu outré et les auteurs semblent toujours apprécier les noms et adjectifs peu communs (rétaliation, émeraldin, nigrescent, hectique...). Mais le tout se lit avec plaisir et c'est avec un peu de tristesse que l'on voit disparaître coup sur coup le prince béarnais, puis son fils au cours du fameux bal des ardents.

Mais que l'on se rassure, Myriam et Gaston de Béarn ont réussi à mettre la main sur un de leurs descendants, un certain Landry dont ils se proposent de nous conter les exploits dans un troisième roman. A suivre !

J'ai Lu

BRANG - B. R. BRUSS

"Brang" est un space opera old school qui fleure bon ses années soixante. Les détails ne trompent pas : une planète isolée aux confins de la galaxie, une navette spatiale qui ressemble comme une soeur à la fusée de Tintin, un équipage de durs à cuire, tout rappelle cette époque glorieuse où la SF privilégiait les scénarios bourrés d'action au détriment de la vraisemblance technique et scientifique. 

Manque de bol, de l'action, il n'y en a pas lerche dans ce roman de Bruss. S'il parvient à nous tenir en haleine pendant sa première moitié en multipliant les manifestations étranges et les interrogations qu'elles suscitent chez les personnages et chez le lecteur, le récit perd presque tout intérêt lorsque la solution nous est - trop vite - révélée. Pire, on a dès lors l’impression d’être plongé dans une histoire écrite pour les 12/13 » ans. 


Nos aventuriers rencontrent un équipage de naufragés de l’espace avec lesquels ils sympathisent et qui leur présente Brang, une entité extraterrestre dotée de grands pouvoirs. Chantre de la « désinvolture harmonieuse », ce dernier les invite à partager leur existence festive et il n’est désormais question que de spectacles somptueux, de banquets et de concours de poésie. Tout ce beau monde folâtre dans de vertes prairies, chacun trouve sa chacune, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. 


Bon, je me moque mais on n’est tout de même pas loin du conte de fée pour les gniards avec ce roman bien, bien léger. A l’instar de ses personnages, Monsieur Bruss a fait preuve d’une bien grande désinvolture. Au vu de tous les bons opus qu’il a livrés au Fleuve, avant et après celui-ci, on lui pardonnera néanmoins ce petit coup de moins bien !


Fleuve Noir Anticipation - 1973

LE LION DES PYRENEES - MYRIAM & GASTON DE BEARN

Biographie romancée de la première partie du règne de Gaston Phébus, comte de Foix et de Béarn.

Ce roman, premier de la trilogie que l'auteur a consacré à son illustre aïeul, couvre une période fort intéressante. L'apprentissage du pouvoir par Gaston Phébus coïncide en effet avec le début de la guerre de cent ans et nous sommes de suite plongés dans cette période troublée qui voit s'affronter les royaumes de France et d'Angleterre. L'occasion de passer en revue quelques un des grands évènements auxquels le prince béarnais se trouve mêlé de près ou de loin : les batailles de Crécy et de Poitiers, l'affaire des bourgeois de Calais et la grande Jacquerie d'Étienne Marcel.


Des aventures qui nous sont contées sur un mode troubadour qui fait la part belle aux sentiments. Il y est donc beaucoup question d'amours contrariées, de malédictions et de rêves prémonitoires. Les personnages sont également un peu caricaturaux et semblent tout droit sortis d'un lai médiéval : la noblesse des traits va de pair avec celle des sentiments et la vilenie de l'âme déteint immanquablement sur le physique.


Malgré tout ce livre est riche d'enseignements sur la vie du célèbre comte et sur son royaume pyrénéen même si les époux de Béarn me semblent prendre quelques libertés avec la réalité historique (notamment avec le personnage de Myriam ou les raisons de la répudiation d'Agnès de Navarre). Le style romanesque et un rien pompeux des auteurs n'enlève rien au plaisir de la lecture et m'a permis d'enrichir mon vocabulaire de mots nouveaux ("smaragdin" qui, comme chacun sait, est une teinte de vert) et de jolies formules (des souvenances extemporanées). Cà en jette hein !

J'ai Lu

REVOLTE DES TRIFFIDES - JOHN WYNDHAM

Pour avoir assisté à une spectaculaire pluie d'étoiles filantes, la quasi-totalité de l'humanité a perdu la vue. Seuls quelques chanceux ont échappé au fléau et se demandent comment venir en aide aux hordes d'aveugles qui tentent de survivre dans un monde devenu soudain périlleux. Mais le pire est encore à venir. Les triffides, des plantes d'origine extra-terrestre, carnivores, dotées de pseudopodes et de flagelles dont la piqure est mortelle, ont quittés les enclos ultra sécurisés où elles étaient cultivées pour leurs qualités nutritives. Elles menacent désormais les millions d'humains devenus des proies faciles. A Londres, William Masen est confronté à un choix cornélien : assurer sa survie sans s'occuper des autres ou sauver les non-voyants de ces terribles prédateurs.

Le jour des Triffides est l'un des tout meilleurs post-apo que je connaisse. C'est en tout cas l'un de ceux qui explore le mieux la question du choix de l'organisation sociale qui s'offre aux survivants. Quel type de société doit succéder à la civilisation qui vient de s'écrouler ? Lequel sera le plus à même d'assurer leur sécurité et de permettre un "redémarrage" ? Voilà l'enjeu fondamental qui s'impose aux personnages.
William Masen, le héros de ce livre, aimerait ne pas avoir à choisir. Profondément individualiste, il n'est pas prêt à troquer sa liberté contre n'importe quel projet de vie. Malheureusement pour lui, les circonstances font le faire à sa place et lui faire expérimenter différents modèles communautaires.

Le premier dont il tâtera est le régime théocratique instauré par Miss Durrant dans le manoir de Tynsham. Une société conservatrice qui prône la perpétuation des anciennes règles de vie et le respect des dogmes religieux. Une organisation sclérosée qui lui semble vouée à l'échec car incapable de s'adapter à un nouvel environnement.

Le second semble plus viable même s'il s'agit là encore d'un modèle fort ancien. Torrence cherche en effet à mettre en place un régime féodal avec résurgence du lien de vassalité. Il proposera ainsi à notre héros de « régner » sur une petite seigneurie héréditaire et de bénéficier de la protection d'un suzerain en échange d'une totale soumission.

Finalement, la forme de société qui emportera l'adhésion de Masen est celle mise en place par le docteur Vorhess. Guidée par les seules considérations utilitaires, sans restriction de liberté autres que celles rendues nécessaires par la vie en communauté, la colonie d'Elspeth Gary sur l'île de Wight, est aussi celle qui offre les meilleures chances de succès sur les triffides.


En conclusion, et ce n'est pas une surprise, la religion, la force et la raison sont bien les fondements des systèmes politiques qui, de tout temps, se sont disputés le pouvoir. Bien sûr, aucun d'eux n'est exempt de défauts et Masen aurait préféré continuer à vivre en dehors de tout système. Toutefois, pour assurer sa sécurité et celle de ses proches, il devra choisir car, ainsi qu'il finira par l'apprendre, hors la société, point de salut !

Fleuve Noir Anticipation - 1956

LES CULBUTEURS DE L'ENFER - ROGER ZELAZNY

A l'issu des "Trois jours" pendant lesquels l'apocalypse nucléaire s'est déchaînée sur la planète, les États-Unis ont ...