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LA PRINCESSE NOIRE - SERGE BRUSSOLO

Enlevée par des vikings puis vendue, Inga, jeune femme de 16 ans, se retrouve au service de la princesse noire. Celle-ci vit retirée dans une forteresse délabrée en compagnie des nombreux enfants qu’elle a sauvés de la coutume viking imposant que les nouveaux nés malformés soient abandonnés aux loups. Désormais préposée à l’intendance du château, Inga devra faire preuve de sagacité et d'obstination pour survivre au milieu de cette cour des miracles et percer les nombreux secrets qui pèsent sur l'île, le château et ses souterrains. 

Lorsqu'on entame un livre de Serge Brussolo, on sait d'avance que l'on va être ballotté en tous sens comme une coque de noix sur l'océan déchaîné de son imagination. L'auteur a le don de nous emmener là où il veut, nous faire escalader des sommets pour nous rejeter ensuite à des profondeurs inouïes, nous faire croire au merveilleux et nous remettre brutalement les pieds sur terre. A ce titre, " La princesse noire " est un modèle du genre. L'auteur y multiplie les fausses pistes et les spéculations les plus invraisemblables. Chaque personnage y va de son allusion, de sa théorie sans qu'il nous soit possible de démêler le vrai du faux, la confession du mensonge. Un exemple. Quelle est l'origine de ce bruit qui résonne dans les souterrains de la forteresse ? L'épave d'un drakkar cognant contre la falaise, un dragon assoupi, un bersekker devenu fou, une divinité scandinave ? Toutes ces solutions sont envisagées l'une après l'autre pour être finalement abandonnées au grès des découvertes de l'héroïne. Pour autant elles ne sont pas définitivement rejetées et sont parfois réutilisées en d'autres circonstances ou sous un autre aspect. 

Pour le reste, nous retrouvons dans ce récit d'une implacable vengeance quelques un des thèmes chers à l'auteur au premier chef desquels celui de la transformation et de la maltraitance des corps. Il y est question de brûlures et de tatouages, d'yeux crevés et de visages défigurés, sans oublier bien sûr les malformations, naturelles ou provoquées, dont souffrent les petits prisonniers. Le thème de l'enfermement est lui aussi particulièrement à l'honneur avec cet univers trois fois clos : une île peuplée de vikings arriérés croyant encore aux anciennes divinités scandinaves, un château dont on ne sait s'il demeure fermé pour empêcher une attaque extérieure (il y en aura bien une) ou une évasion, et, plus mystérieux encore, des souterrains. Chacune de ces "prisons" possédant ses propres règles, ses chefs, ses dieux, ses légendes et ses dangers. 

Ce livre n'est sans doute pas le plus imaginatif de tous les Brussolo que j'ai pu lire (il y en a tant !) mais il constitue sans conteste un bon opus dans sa veine médiévale. Notons à ce propos qu'Inga aurait pu se prénommer Marion à l'instar de l'héroïne de "Pèlerins des ténèbres" et "La captive de l'hiver" avec laquelle elle partage âge et profession. 

Le Livre de Poche - 2004

GUEULE DE RAT - JEAN-PIERRE ANDREVON

De sa naissance en janvier 1981 à sa mort le soir du passage à l’an 2000, l’histoire de la courte et insignifiante existence de Bernard Garcin dit « Gueule de rat ».

La vie de Bernard Garcin c’est un peu celle d’un Forest Gump français. L’histoire d’un type pas trop futé (c’est un euphémisme) et encombré d’une existence qu’il subit sans jamais tenter d’en changer le cours. Mais à l’inverse du fier américain à qui tout réussi, notre pauvre Bernard semble doté d’une scoumoune sans nom : un père qui abandonne sa famille, une mère qui se prostitue et le bat comme plâtre, un physique ingrat et, comme si ça n’était pas suffisant, il se trouve affublé d’une dyslexie qui ruine son cursus scolaire mais lui permet au moins de parler verlan sans effort. Pour compléter le tableau précisons qu’il vit à La Cargat (La Ciotat ?) au moment de la fermeture des chantiers navals et de la prise de la municipalité par le Front Français (Front National ?). Bref, une existence bien mal engagée et que l’auteur résume très justement par ces quelques mots : « Un destin, on se le forge. Simplement, on n’a pas toujours les instruments pour ».


Cela permet en tout cas à Jean-Pierre Andrevon de nous repasser en accéléré l’histoire de la société française en cette fin de vingtième siècle. Une société qui oscille entre espoir socialiste et racisme, pauvreté et montée du FN. Une sorte de chronique de la misère ordinaire, servie par une écriture intelligente, savoureuse et un humour grinçant mais qui fait mouche. Tout le monde en prend pour son grade : les milices du FN et les extrémistes musulmans, la police et les vigiles, les services sociaux et le système pénitentiaire. Le constat implacable d’un système à bout de souffle.


La Table Ronde - 1999

L'USINE - HIROKO OYAMADA

Au Japon plus encore que dans la plupart des autres pays, le travail détermine le statut social. Il situe votre place dans l’entreprise et vous positionne vis à vis de vos proches, parents, amis et connaissances. Raison pour laquelle les japonais se tuent littéralement à la tâche et vouent une fidélité absolue et exclusive à leur patron comme en d’autres temps les samouraïs sacrifiaient leur vie au shogun. Mais ce modèle est en train de vaciller. Les jeunes générations semblent moins enclines à suivre l’exemple de leurs parents et pointent les limites d’un système qui ne leur offre d’autres perspectives que la réussite professionnelle au détriment de l’épanouissement personnel.

Le roman de Hiroko Oyamada en est un exemple. Il nous invite à suivre deux hommes et une femme qui intègrent une entreprise immense et tentaculaire, vaste conglomérat qui produit tout et n’importe quoi et dont l’emprise sur l’économie locale et nationale semble énorme. Nous découvrons par leur yeux un monde clos et auto suffisant où chacun tient son rôle sans se poser de question sur le but poursuivi. Qu’importe qu’il accomplisse une tâche qu’une machine effectuerai à moindre coût, qu’il corrige un panel de textes sans queue ni tête ou se livre à des études dont on n’attend aucune retombée financière. L’essentiel est que la machine tourne et se nourrisse des heures que chacun lui consacre.


« L’usine » est donc une sorte d’allégorie sur le rapport des japonais au monde de l’entreprise et une dénonciation de l’aliénation par le travail. Son atmosphère, ses digressions animalières, la répétition des scènes et autres procédés stylistiques lui confèrent également une petite touche fantastique qui renforce l’impression d’inanité que nous laisse toute cette activité déployée sans rime ni raison. De ce point de vue, Hiroko Oyamada nous parle aussi de perte de sens dans une société qui ne tient plus compte des aspirations de ses membres et se montre incapable de faire évoluer ses schémas économiques et politiques.


Christian Bourgeois - Satellites - 2024

LA DIANE DE L'ARCHIPEL - PAUL D'IVOI

Pour se venger de Nali, la jeune femme qui l’a éconduit et de son fiancé Jean Fanfare, le sculpteur Ergopoulos a conçu un plan diabolique : plonger la pauvre enfant en état de catalepsie et couler sur son corps un sarcophage d’aluminium à sa ressemblance. Puis, son forfait accompli, il s’avise de faire don de la statue ainsi obtenue au musée du Louvre. Dès lors, pour sauver sa belle, Jean Fanfare n’a d’autre solution que de récupérer la statue même s’il lui faut pour cela traverser la moitié de l’Europe.

 Ce roman fait partie de la série des « Voyages excentriques » que Paul d’Ivoi à conçue afin de surfer sur la vague des « Voyages extraordinaires » de Jules Verne. Mais on s’aperçoit vite que l’on est loin des œuvres du maître en matière d’imaginaire déployé et de sens du récit. Ici l’intrigue se résume à une longue course poursuite à travers l’Europe, émaillée de quelques rebondissements et quiproquos. Nous suivons ainsi nos personnages en Angleterre, en Allemagne, en Russie, en Grèce, en Italie et enfin en Espagne, chacun de ces pays servant de décor à une aventure ou étant l’occasion d’un intermède humoristique et ethnologique. J’ai d’ailleurs souvent eu l’impression de feuilleter le guide Michelin tant l’auteur s’y livre à d’interminables inventaires des richesses contenues dans les différents musées européens ainsi qu’à de non moins longs apartés sur l’histoire de ces nations.


Signalons au passage que les différents peuples rencontrés sont présentés selon l’imagerie populaire de la fin du XIXème siècle. Il ne faut par conséquent pas trop s’émouvoir d’y découvrir des allemands brutaux, des anglais ridicules quoique astucieux, des russes arriérés et des italiens voleurs... tandis que les français, parangons de l’honneur et de la fidélité, n’ont qu’un défaut : être des séducteurs !


Les personnages sont eux aussi stéréotypés (héros intrépide, jeune vierge et sinistre crapule) mais j’ai néanmoins éprouvé quelque sympathie pour Lucien Vemtite, fonctionnaire en disponibilité et indécrottable rimailleur et pour le trio de clowns britanniques : Frig, Frog et Lee. Pour ce qui est de l’action je suis en revanche moins indulgent et regrette d’avoir eu à me contenter d’un ou deux vols, deux, trois kidnappings et quelques évasions, d’autant qu’il y a toujours un passage secret, un outil ou une main secourable pour aplanir toutes les difficultés.


Et la SF dans tout ça me direz-vous ? Et bien elle se fait fort discrète et réside toute entière dans l’invention du professeur Taxidi : le Karrovarka (chariot-barque), sorte de véhicule électrique, blindé et amphibie.


Ceci dit, et malgré toutes ces réflexions, je dois avouer que je ne regrette pas cette lecture. Son côté délicieusement désuet et le style solide de son auteur (Monsieur d’Ivoi a des lettres et du vocabulaire) en font une lecture éminemment sympathique que je compte bien renouveler avec l’un des 20 autres volumes de cette série.


J'ai Lu - Voyages Excentriques - 1982

LE GRAND SECRET - RENE BARJAVEL

Quel point commun peut-il y avoir entre la disparition de nombreux scientifiques à travers le monde et la présence de la flotte américaine autour d’un minuscules îlot de l’archipel des Aléoutiennes ? Jeanne, dont l’amant vient justement de se volatiliser dans des conditions étranges, va tout faire pour le retrouver et découvrir ce qui se cache derrière ces mystérieux évènements.

Il est bien difficile de parler de ce roman sans dévoiler ce grand secret qui lui donne son titre. Aussi, pour ne pas priver le lecteur de la surprise, je me bornerais à évoquer les deux aspects qui m’ont paru les plus sympathiques.

Le premier est plus anecdotique qu’autre chose. Il a trait à la façon dont l’auteur insère son intrigue dans les interstices de l’histoire contemporaine et met en scène les homme politiques d’alors. C’est ainsi que Nehru, Eisenhower, Elizabeth II, Kroutchev et bien d’autres sont appelés à jouer leur propre rôle et même un peu plus. L’occasion d’apprendre pourquoi les Etats-Unis et l’URSS se sont lancés dans la course aux étoiles, pour quelle raison Kennedy a été assassiné et pourquoi de Gaulle démissionne après mais 68 !

Le second concerne la petite communauté de l’îlot 307. C’est en effet une société utopique que Barjavel nous propose de découvrir avec toutes les expérimentations que l’on peut imaginer en matière d’organisation sociale et de liberté. Il en profite aussi pour aborder quantité de thèmes : la mort, l’amour, la parentalité, la sexualité, l’éducation des enfants et, question la plus prégnante de la dernière partie du récit, la maitrise de la natalité. Les habitants de la petite île n’y parviendront pas. L’envie d’enfant des plus jeunes puis le recours à la violence pour imposer leur point de vue signeront la fin de l’utopie. Un peu la victoire de l’instinct sur la raison, la défaite de l’esprit face à la matière.

Presses de la Cité - Pocket - 1982

RAUM - CARL SHERRELL

Chevalier démon de seconde zone, Raum a quitté les enfers et le service d’Asteroth pour se rendre chez les humains. Il espère y rencontrer Merlin et obtenir du sorcier les réponses aux questions qui le taraudent. Mais le monde des hommes est-il prêt à accueillir un comte des enfers ?

Ce livre aurait pu n’être qu’une énième digression sur le mythe Arthurien si Carl Sherrell n’était parvenu à se démarquer de la production pléthorique que Merlin et compagnie ont inspirée aux auteurs de fantasy, grâce à la personnalité pour le moins surprenante de son héros. Car pour une fois, nous avons un personnage central vraiment méchant, dénué de morale et qui ne s’encombre pas de sentiments aussi inutiles que l’amour ou la compassion. Il tue, pille, viole sans le moindre remord et passe au fil de son épée quiconque voudrait le détourner de son sanglant chemin. 


Malheureusement l’auteur n’a pas maintenu ce cap jusqu’au bout. Raum finit par s’humaniser et par éprouver ces sentiments qui lui étaient jusqu’ici inconnus. Il en devient presque gentil et c’est sur un chevalier repenti cherchant à réparer ses erreurs que s’achève le roman. Mais avant cela on aura quand même pris grand plaisir à le voir foutre le bordel à la cour du roi Arthur, se moquer de Perceval, ridiculiser Gauvain, mettre une branlée à Kay ou apprendre l’obéissance à la vénéneuse Morgane. De chouettes moments de lecture, un peu irrévérencieux à l’égard de tous ces nobles héros, mais sacrément jouissifs. Raum est un personnage entier, plus individualiste que mauvais, attachant en diable et je regrette pour ma part qu’il finisse par s’amender : le roman y perd une bonne part de son sel. 


Signalons toutefois que la fin laisse entrevoir une suite au cours de laquelle notre diabolique héros pourrait aller jusqu’au Vinland (l’Amérique des vikings) pour délivrer sa dulcinée. Il est donc permis d’espérer un sursaut de méchanceté !


Garancière - Aventures Fantastiques - 1986

ENCORE UN PEU DE VERDURE - WARD MOORE

Un fertilisant surpuissant qui agit sur la molécule des graminées a été mis au point par une chimiste originale. Répandu sur la pelouse d’un pavillon de la banlieue de Los Angeles par un représentant de commerce aussi chanceux que maladroit, il provoque la pousse accélérée d’une certaine variété d’herbe qui voit sa hauteur atteindre plusieurs mètres. Mais, plus que sa taille, c’est sa propension à croître sur n’importe quel sol qui alerte les autorités et, malgré tous les moyens employés, « l’herbe du diable » a tôt fait de recouvrir la Californie, les Etats-Unis et bientôt le reste du monde.

 Voici un exemple de roman catastrophe conté sur le mode comique. Certes nous y retrouvons la plupart des ingrédients propres à ce type de littérature : la description de la catastrophe proprement dire, la lutte des autorités contre le phénomène, ses conséquences sur la société et les changements géopolitiques qui s’ensuivent ou encore le parcours de quelques personnages modifié par cet état de fait.


Mais, plus qu’un livre d’anticipation, il s’agit surtout pour l’auteur de se livrer à une critique du capitalisme sauvage. En effet, parallèlement à l’expansion de cette herbe particulièrement envahissante, nous suivons le parcours de Albert Weener, le représentant de commerce à l’origine du mal, dont la réussite dans le monde des affaires est proportionnelle à la pousse de la graminée. Profitant de la situation, ce dernier acquiert à vil prix des sociétés qui périclitent, investit dans la production d’aliments de substitution, profite de marchés avec les autorités militaires et se réjouit de trouver dans les millions de réfugiés chassé de leurs pays une main-d’œuvre bon marché. Le tout, avec une bonne conscience et une satisfaction de soi à toute épreuve !


Ward Moore se permet également de placer son pays dans les pires des situations. Les Etats-Unis se voient ainsi envahit un temps par l’Union Soviétique (rappelons que ce livre fut écrit en 1947, c’est à dire en pleine guerre froide) et sont la première nation à disparaître sous la couche de verdure. Les américains devront donc quitter leur pays pour émigrer vers la vieille Europe où ils seront soumis aux mêmes conditions d’accueil que celles pratiquées à Ellis Island. Enfin, les savants, chimistes et docteurs de tout poil promettant jour après jour un remède qui ne vient jamais, ne sont pas épargnés et leur incapacité à corriger leurs erreurs est vivement critiquée.


Bref, un roman bien plaisant qu’il conviendrait de faire lire aux fabricants d’OGM et aux milliers d’Albert Weener, actionnaires de ces grandes compagnies.


Denoël - Présence du Futur - 1975

BLOODFIST - SCHWEINDHUND

Bien que figurant au catalogue des éphémères éditions Trash, collection que l’auteur a contribué à créer, « Bloodfist » n’est pas à proprement parler un roman gore. Que les amateurs de tripaille fumante se rassurent, ils y trouveront des scènes bien dégueues propres à satisfaire leurs vilains penchants. Question ambiance, ils seront aussi bien servis. L’atmosphère dans laquelle baigne l’histoire est poisseuse à souhait et on éprouve en s’y plongeant comme une sensation de crasse et de vermine qui vous colle aux baskets. 

L’intrigue est quant à elle assez banale et tient davantage du prétexte que de l’intention. Un ex-flic cherche à se venger du gourou d’une secte. Pour ce faire, il manipule un psychopathe adepte de la dissection in vivo. Rien de passionnant, mais ça fait le job et la confrontation de ces trois individus passablement givrés ne manque pas de sel.

L’auteur s’attache plus particulièrement au personnage du psychopathe dont il nous fait découvrir les pensées grâce à une narration à la première personne. Et ce qu’on y découvre est un beau merdier ! Une plongée abyssale dans les pensées d’un asocial de la pire espèce. Outre ses passages à l’acte à la limite du soutenable, les monologues intérieurs du bonhomme font froid dans le dos. Une logorrhée ahurissante, mais non dénuée d’une certaine poésie avec jeux de mots, allitérations et autres figures de style. Bref, un roman certes trash, mais qui fait moins peur qu’il ne met mal à l’aise.

Trash -2013

LES CAVERNES DE L'ID - L. P. DAVIES

Dans une petite bourgade de la campagne anglaise, Edward Garvey semble être possédé par l'esprit d'un personnage étrange. Sa nièce, un voisin et surtout son médecin unissent leurs efforts pour lui venir en aide et parviennent à "l'exorciser". Mais l’entité a tôt fait de prendre possession du corps d’un vagabond et entreprend d’accomplir sa destinée... 

L. P Davies nous démontre avec ce roman qu'il ne suffit pas d'avoir une bonne idée pour écrire un bon livre. Et pourtant, la sienne était particulièrement originale et aurait pu aboutir à quelque chose de grandiose.


Imaginez le personnage principal d’un roman s'emparer du corps de son lecteur et tenter de réaliser « pour de vrai » l’intrigue de l’écrivain. Vous en conviendrez, il y avait là matière à quantité de bonnes choses ! Malheureusement l’auteur n’a pas su exploiter toutes les possibilités qui s’offraient à lui et s'est contenté de nous proposer une banale histoire de possession.


Un petit exemple de son manque d'envergure : c’est tout juste si les héros envisagent un instant de mettre la main sur l’ouvrage pour prendre connaissance de l'intrigue du livre et savoir à quoi s’attendre ! Bref, de l'imagination, mais bien mal exploitée. Presque de la confiture aux cochons.


Le Masque - Science-Fiction - 1975

LES ROBINSONS DU COSMOS - FRANCIS CARSAC

A la suite d’un mystérieux cataclysme, d’infimes parties de notre planète sont "catapultées" sur un monde inconnu. L'un de ces petits bouts de Terre comprend un village français dont les habitants, nouveaux robinsons, vont devoir repartir de zéro.

 

Comme son nom le laisse deviner, ce roman est une « robinsonade » moderne. Nous y retrouvons d’ailleurs, à l'échelle d'une micro société, la plupart des ingrédients inventés par Daniel Defoë : l’installation sur un monde inconnu, l’exploration d’un environnement hostile, l'organisation de la vie sociale et la présence de Vendredis représentés par une race d’ET ressemblant à des centaures. 


Mais la comparaison s'arrête là car nos héros ont davantage de cartes en mains que le pauvre Robinson. Outre leur nombre, ils bénéficient d’une technologie moderne (certains d’entre eux sont des chercheurs) et de structures intactes facilitant leur installation (rien moins qu’un village entier avec bâtiments de toutes sortes et même un château fort). 


Néanmoins, c'est avec intérêt que nous suivons leurs efforts pour assurer leur survie et jeter les bases d'une nouvelle civilisation. Le récit est tout sauf monotone et ces naufragés de l'espace auront fort à faire entre luttes intestines, contacts avec les autochtones et rencontre avec d’autres "transplantés" américains et norvégiens.


Un livre bien divertissant quoique loin d’égaler les autres œuvres de Francis Carsac.


Nouvelles Editions Oswald - SF Aventures - 1988

BOULEVARD DE L'INFINI - CHRISTIAN VILA

Je ne suis pas un grand fan de cyberpunk et la plupart du temps, les histoires de réalités bis ou de mondes virtuels me laissent de marbre. Ce n’est pas que les intrigues touffues ou les récits qui forcent à se creuser les méninges me fassent peur mais, hélas, ce genre de romans finit souvent par tourner en rond et nous laisser sur notre faim. Bref, ça se donne des grands airs mais c’est finalement assez creux. Et c’est malheureusement le sentiment que j’ai eu en lisant celui de Christian Vilà. 

Le roman débute pourtant sur un ton et dans une ambiance intéressante de roman noir 2.0 avec un tueur à gage chargé d’éliminer le double numérique d’un individu dans un jeu populaire. L’univers virtuel que nous propose l’auteur ne manque pas d’inventivité et recèle même quelques très bonnes idées comme les « suscitées », des nymphettes virtuelles créées par les joueurs pour satisfaire leurs désirs puis abandonnées après usage et qui doivent s’employer à séduire d’autres participants pour éviter de disparaître…


Malheureusement, l’auteur nous ramène très vite dans une réalité qui, c’est un comble, parait beaucoup moins crédible que sa création numérique. Drogue martienne aux effets surprenants, puissants télépathes, guerre larvée opposant le gouvernement mondial aux partisans de l’intelligence artificielle, le récit devient très confus. Quant aux personnages, ils ne sont guère plus crédibles et passent davantage de temps à copuler qu’à s’occuper de faire avancer l’intrigue.


Fleuve Noir - SF Métal - 1999

CHUTE LIBRE - ALBERT & JEAN CREMIEUX

Cinq terriens sont kidnappés par des extra-terrestres et emmenés sur la planète 54 afin d'y être étudiés. Je ne suis pas certain que l...