Archives du blog
LA PRINCESSE NOIRE - SERGE BRUSSOLO
GUEULE DE RAT - JEAN-PIERRE ANDREVON
La vie de Bernard Garcin c’est un peu celle d’un Forest Gump français. L’histoire d’un type pas trop futé (c’est un euphémisme) et encombré d’une existence qu’il subit sans jamais tenter d’en changer le cours. Mais à l’inverse du fier américain à qui tout réussi, notre pauvre Bernard semble doté d’une scoumoune sans nom : un père qui abandonne sa famille, une mère qui se prostitue et le bat comme plâtre, un physique ingrat et, comme si ça n’était pas suffisant, il se trouve affublé d’une dyslexie qui ruine son cursus scolaire mais lui permet au moins de parler verlan sans effort. Pour compléter le tableau précisons qu’il vit à La Cargat (La Ciotat ?) au moment de la fermeture des chantiers navals et de la prise de la municipalité par le Front Français (Front National ?). Bref, une existence bien mal engagée et que l’auteur résume très justement par ces quelques mots : « Un destin, on se le forge. Simplement, on n’a pas toujours les instruments pour ».
Cela permet en tout cas à Jean-Pierre Andrevon de nous repasser en accéléré l’histoire de la société française en cette fin de vingtième siècle. Une société qui oscille entre espoir socialiste et racisme, pauvreté et montée du FN. Une sorte de chronique de la misère ordinaire, servie par une écriture intelligente, savoureuse et un humour grinçant mais qui fait mouche. Tout le monde en prend pour son grade : les milices du FN et les extrémistes musulmans, la police et les vigiles, les services sociaux et le système pénitentiaire. Le constat implacable d’un système à bout de souffle.
La Table Ronde - 1999
L'USINE - HIROKO OYAMADA
Le roman de Hiroko Oyamada en est un exemple. Il nous invite à suivre deux hommes et une femme qui intègrent une entreprise immense et tentaculaire, vaste conglomérat qui produit tout et n’importe quoi et dont l’emprise sur l’économie locale et nationale semble énorme. Nous découvrons par leur yeux un monde clos et auto suffisant où chacun tient son rôle sans se poser de question sur le but poursuivi. Qu’importe qu’il accomplisse une tâche qu’une machine effectuerai à moindre coût, qu’il corrige un panel de textes sans queue ni tête ou se livre à des études dont on n’attend aucune retombée financière. L’essentiel est que la machine tourne et se nourrisse des heures que chacun lui consacre.
« L’usine » est donc une sorte d’allégorie sur le rapport des japonais au monde de l’entreprise et une dénonciation de l’aliénation par le travail. Son atmosphère, ses digressions animalières, la répétition des scènes et autres procédés stylistiques lui confèrent également une petite touche fantastique qui renforce l’impression d’inanité que nous laisse toute cette activité déployée sans rime ni raison. De ce point de vue, Hiroko Oyamada nous parle aussi de perte de sens dans une société qui ne tient plus compte des aspirations de ses membres et se montre incapable de faire évoluer ses schémas économiques et politiques.
Christian Bourgeois - Satellites - 2024
LA DIANE DE L'ARCHIPEL - PAUL D'IVOI
Signalons au passage que les différents peuples rencontrés sont présentés selon l’imagerie populaire de la fin du XIXème siècle. Il ne faut par conséquent pas trop s’émouvoir d’y découvrir des allemands brutaux, des anglais ridicules quoique astucieux, des russes arriérés et des italiens voleurs... tandis que les français, parangons de l’honneur et de la fidélité, n’ont qu’un défaut : être des séducteurs !
Les personnages sont eux aussi stéréotypés (héros intrépide, jeune vierge et sinistre crapule) mais j’ai néanmoins éprouvé quelque sympathie pour Lucien Vemtite, fonctionnaire en disponibilité et indécrottable rimailleur et pour le trio de clowns britanniques : Frig, Frog et Lee. Pour ce qui est de l’action je suis en revanche moins indulgent et regrette d’avoir eu à me contenter d’un ou deux vols, deux, trois kidnappings et quelques évasions, d’autant qu’il y a toujours un passage secret, un outil ou une main secourable pour aplanir toutes les difficultés.
Et la SF dans tout ça me direz-vous ? Et bien elle se fait fort discrète et réside toute entière dans l’invention du professeur Taxidi : le Karrovarka (chariot-barque), sorte de véhicule électrique, blindé et amphibie.
Ceci dit, et malgré toutes ces réflexions, je dois avouer que je ne regrette pas cette lecture. Son côté délicieusement désuet et le style solide de son auteur (Monsieur d’Ivoi a des lettres et du vocabulaire) en font une lecture éminemment sympathique que je compte bien renouveler avec l’un des 20 autres volumes de cette série.
J'ai Lu - Voyages Excentriques - 1982
LE GRAND SECRET - RENE BARJAVEL
Presses de la Cité - Pocket - 1982
RAUM - CARL SHERRELL
Ce livre aurait pu n’être qu’une énième digression sur le mythe Arthurien si Carl Sherrell n’était parvenu à se démarquer de la production pléthorique que Merlin et compagnie ont inspirée aux auteurs de fantasy, grâce à la personnalité pour le moins surprenante de son héros. Car pour une fois, nous avons un personnage central vraiment méchant, dénué de morale et qui ne s’encombre pas de sentiments aussi inutiles que l’amour ou la compassion. Il tue, pille, viole sans le moindre remord et passe au fil de son épée quiconque voudrait le détourner de son sanglant chemin.
Malheureusement l’auteur n’a pas maintenu ce cap jusqu’au bout. Raum finit par s’humaniser et par éprouver ces sentiments qui lui étaient jusqu’ici inconnus. Il en devient presque gentil et c’est sur un chevalier repenti cherchant à réparer ses erreurs que s’achève le roman. Mais avant cela on aura quand même pris grand plaisir à le voir foutre le bordel à la cour du roi Arthur, se moquer de Perceval, ridiculiser Gauvain, mettre une branlée à Kay ou apprendre l’obéissance à la vénéneuse Morgane. De chouettes moments de lecture, un peu irrévérencieux à l’égard de tous ces nobles héros, mais sacrément jouissifs. Raum est un personnage entier, plus individualiste que mauvais, attachant en diable et je regrette pour ma part qu’il finisse par s’amender : le roman y perd une bonne part de son sel.
Signalons toutefois que la fin laisse entrevoir une suite au cours de laquelle notre diabolique héros pourrait aller jusqu’au Vinland (l’Amérique des vikings) pour délivrer sa dulcinée. Il est donc permis d’espérer un sursaut de méchanceté !
Garancière - Aventures Fantastiques - 1986
ENCORE UN PEU DE VERDURE - WARD MOORE
Mais, plus qu’un livre d’anticipation, il s’agit surtout pour l’auteur de se livrer à une critique du capitalisme sauvage. En effet, parallèlement à l’expansion de cette herbe particulièrement envahissante, nous suivons le parcours de Albert Weener, le représentant de commerce à l’origine du mal, dont la réussite dans le monde des affaires est proportionnelle à la pousse de la graminée. Profitant de la situation, ce dernier acquiert à vil prix des sociétés qui périclitent, investit dans la production d’aliments de substitution, profite de marchés avec les autorités militaires et se réjouit de trouver dans les millions de réfugiés chassé de leurs pays une main-d’œuvre bon marché. Le tout, avec une bonne conscience et une satisfaction de soi à toute épreuve !
Ward Moore se permet également de placer son pays dans les pires des situations. Les Etats-Unis se voient ainsi envahit un temps par l’Union Soviétique (rappelons que ce livre fut écrit en 1947, c’est à dire en pleine guerre froide) et sont la première nation à disparaître sous la couche de verdure. Les américains devront donc quitter leur pays pour émigrer vers la vieille Europe où ils seront soumis aux mêmes conditions d’accueil que celles pratiquées à Ellis Island. Enfin, les savants, chimistes et docteurs de tout poil promettant jour après jour un remède qui ne vient jamais, ne sont pas épargnés et leur incapacité à corriger leurs erreurs est vivement critiquée.
Bref, un roman bien plaisant qu’il conviendrait de faire lire aux fabricants d’OGM et aux milliers d’Albert Weener, actionnaires de ces grandes compagnies.
Denoël - Présence du Futur - 1975
BLOODFIST - SCHWEINDHUND
Bien que figurant au catalogue des éphémères éditions Trash, collection que l’auteur a contribué à créer, « Bloodfist » n’est pas à proprement parler un roman gore. Que les amateurs de tripaille fumante se rassurent, ils y trouveront des scènes bien dégueues propres à satisfaire leurs vilains penchants. Question ambiance, ils seront aussi bien servis. L’atmosphère dans laquelle baigne l’histoire est poisseuse à souhait et on éprouve en s’y plongeant comme une sensation de crasse et de vermine qui vous colle aux baskets.
L’intrigue est quant à elle assez banale et tient davantage du prétexte que de l’intention. Un ex-flic cherche à se venger du gourou d’une secte. Pour ce faire, il manipule un psychopathe adepte de la dissection in vivo. Rien de passionnant, mais ça fait le job et la confrontation de ces trois individus passablement givrés ne manque pas de sel.
L’auteur s’attache plus particulièrement au personnage du psychopathe dont il nous fait découvrir les pensées grâce à une narration à la première personne. Et ce qu’on y découvre est un beau merdier ! Une plongée abyssale dans les pensées d’un asocial de la pire espèce. Outre ses passages à l’acte à la limite du soutenable, les monologues intérieurs du bonhomme font froid dans le dos. Une logorrhée ahurissante, mais non dénuée d’une certaine poésie avec jeux de mots, allitérations et autres figures de style. Bref, un roman certes trash, mais qui fait moins peur qu’il ne met mal à l’aise.
Trash -2013
LES CAVERNES DE L'ID - L. P. DAVIES
L. P Davies nous démontre avec ce roman qu'il ne suffit pas d'avoir une bonne idée pour écrire un bon livre. Et pourtant, la sienne était particulièrement originale et aurait pu aboutir à quelque chose de grandiose.
Imaginez le personnage principal d’un roman s'emparer du corps de son lecteur et tenter de réaliser « pour de vrai » l’intrigue de l’écrivain. Vous en conviendrez, il y avait là matière à quantité de bonnes choses ! Malheureusement l’auteur n’a pas su exploiter toutes les possibilités qui s’offraient à lui et s'est contenté de nous proposer une banale histoire de possession.
Un petit exemple de son manque d'envergure : c’est tout juste si les héros envisagent un instant de mettre la main sur l’ouvrage pour prendre connaissance de l'intrigue du livre et savoir à quoi s’attendre ! Bref, de l'imagination, mais bien mal exploitée. Presque de la confiture aux cochons.
Le Masque - Science-Fiction - 1975
LES ROBINSONS DU COSMOS - FRANCIS CARSAC
Comme son nom le laisse deviner, ce roman est une « robinsonade » moderne. Nous y retrouvons d’ailleurs, à l'échelle d'une micro société, la plupart des ingrédients inventés par Daniel Defoë : l’installation sur un monde inconnu, l’exploration d’un environnement hostile, l'organisation de la vie sociale et la présence de Vendredis représentés par une race d’ET ressemblant à des centaures.
Mais la comparaison s'arrête là car nos héros ont davantage de cartes en mains que le pauvre Robinson. Outre leur nombre, ils bénéficient d’une technologie moderne (certains d’entre eux sont des chercheurs) et de structures intactes facilitant leur installation (rien moins qu’un village entier avec bâtiments de toutes sortes et même un château fort).
Néanmoins, c'est avec intérêt que nous suivons leurs efforts pour assurer leur survie et jeter les bases d'une nouvelle civilisation. Le récit est tout sauf monotone et ces naufragés de l'espace auront fort à faire entre luttes intestines, contacts avec les autochtones et rencontre avec d’autres "transplantés" américains et norvégiens.
Nouvelles Editions Oswald - SF Aventures - 1988
BOULEVARD DE L'INFINI - CHRISTIAN VILA
Le roman débute pourtant sur un ton et dans une ambiance intéressante de roman noir 2.0 avec un tueur à gage chargé d’éliminer le double numérique d’un individu dans un jeu populaire. L’univers virtuel que nous propose l’auteur ne manque pas d’inventivité et recèle même quelques très bonnes idées comme les « suscitées », des nymphettes virtuelles créées par les joueurs pour satisfaire leurs désirs puis abandonnées après usage et qui doivent s’employer à séduire d’autres participants pour éviter de disparaître…
Malheureusement, l’auteur nous ramène très vite dans une réalité qui, c’est un comble, parait beaucoup moins crédible que sa création numérique. Drogue martienne aux effets surprenants, puissants télépathes, guerre larvée opposant le gouvernement mondial aux partisans de l’intelligence artificielle, le récit devient très confus. Quant aux personnages, ils ne sont guère plus crédibles et passent davantage de temps à copuler qu’à s’occuper de faire avancer l’intrigue.
Fleuve Noir - SF Métal - 1999
CHUTE LIBRE - ALBERT & JEAN CREMIEUX
Cinq terriens sont kidnappés par des extra-terrestres et emmenés sur la planète 54 afin d'y être étudiés. Je ne suis pas certain que l...

-
« Majunga » est la seconde BD du couple Doreau/Larcher qui, après l’univers fantasmé des« Trois visages de Tullula-Belle » nous livre cette ...
-
James Starr est dubitatif. Il vient de recevoir coup sur coup deux missives. La première est signée du contremaître de la mine d'Aberfoy...
-
Soyons honnête, c'est uniquement sa réputation de classique de la SF qui m'a poussé à lire ce livre de Clifford D. Simak. Je m'é...