Par une nuit glaciale de l’hiver 1940, Pierre Saint-Menoux, jeune professeur de mathématiques, fait la rencontre de Noël Essaillon. Ce dernier, reconnaissant en Pierre l’homme dont les théories novatrices lui ont permis de mener à bien ses propres recherches, lui fait part de sa récente découverte : la noëlite. Ingérée, cette matière a l’étonnante propriété de permettre les voyages dans le temps. Unissant leurs efforts les deux hommes améliorent cette invention et entreprennent de visiter passé et avenir à la recherche du secret du bonheur pour l’humanité. Mais peut-on sans risque influencer le cours de l’histoire ?
Ce livre constitue, à l’instar de La machine à explorer le temps de H. G. Wells, un classique des romans de voyage dans le temps. Tous les aspects inhérents à ce thème de la littérature de science-fiction y sont en effet envisagés : voyage dans le passé et le futur, rencontre du héros avec lui-même, modification de l’histoire…et même quelques réflexions sur le présent, cet instant si éphémère qui n’est plus tout à fait du futur et pas encore du passé.
La structure du roman est en revanche assez classique et comporte trois parties bien distinctes :
- La découverte de l’invention permettant le voyage temporel avec son lot de descriptions techniques et les premiers essais, encore timides ;
- Les voyages dans le futur qui sont l’occasion pour l’auteur d’imaginer l’avenir de notre société et de l’espèce humaine. Ici, les pérégrinations des personnages les mènent tout d’abord dans le Paris de l’an 2052, c’est à dire à l’endroit et l’instant qui voient débuter son premier roman : Ravage. Puis, après ce petit clin d’œil, il nous propulse en l’an 100000 sur une Terre peuplée d’êtres qui, bien qu’étant nos lointains descendants, n’ont plus grand chose d’humains, pas même l’apparence.
- Les incursions dans le passé, la tentation d’influer sur le déroulement des évènements afin de modifier un présent désagréable et l’inévitable paradoxe temporel qui peut en découler.
Enfin, et comme souvent chez Barjavel, l’histoire s'agrémente d’une jolie romance et son écriture associe superbement humour et poésie. En voici quelques exemples :
- « …vous êtes resté coincé entre le présent et le futur ! En somme, vous étiez au conditionnel ! »
- « …la loi de l’espèce les mène par le bout du sexe. »
Pour être tout à fait honnête j’ajouterais que Monsieur Barjavel se laisse parfois aller à quelques réflexions misogynes. La preuve :
- « …une futilité qui abaissait les hommes au niveau des femmes. »
- « …la tête était bien la partie de leurs corps dont les femmes avaient le moins besoin pour vivre ! »
Gallimard - Folio - 2001